InvitéInvité
| Sujet: de rouille et d'os Mar 3 Jan - 4:55 | |
| crash veems 18, lycéen quand il en a l'cœur, le front de mer
t'es ma plus belle cicatrice
t'es assis, tu regardes l'ombre des passants défiler sur les murs gras. clope au bec, t'en oublies presque pourquoi t'es là. tu lèves un peu l'menton, tu souffles un bon coup et la fumée grimpe jusqu'à rencontrer les nuages, dans ta perspective. tes paupières battent trois coup à force de fixer le soleil qui se cache derrière la masse visible constituée de milliers de gouttelettes d'eau. c'est un peu fou, tu penses, la perception. c'est un peu fou de se dire que de si loin, ce foutu nuage, on aurait dit un bout de coton, alors que c'est que de la pluie pas encore décidée à pointer le bout de ses larmes. si tu tends l'oreille, t'entendrais presque l'orage que le nuage abrite. il ronfle toujours au-dessus de la ville, au-dessus de l'angleterre. t'as appris à t'y faire. il pleut tout le temps, c'est pas faux. autant dehors que dedans. t'as grandi en écoutant la bamba de los lobos à fond pour plus entendre la pluie retourner les joues de ta maman. quand c'était fini, t'allais l'embrasser là, juste sous l’œil, sur sa pommette salée et ça sentait le petrichor. que ce soit ta mère ou ta terre, elles ont été salement amochées par les pleurs. elle a toujours pleuré pour deux, maman. alors toi, tu pleures pas. t'as pas assez de sel en toi pour ça. t'es plus amer, comme un café froid - celui de ton père. tu pleures pas. tu fronces les sourcils et tu fumes. t'es tout comme lui au final. avec peut-être un petit sucre en plus, à remuer à la touillette, qui fond paresseusement au fond de toi. grain par grain, tu t'édulcores. tu tiens pas ça de lui, la douceur, c'est sûr. c'est peut-être un peu cliché, mais ça a toujours été ta mère, le chou à la crème. elle était peut-être un peu trop tendre, elle s'est laissée ronger par toutes ces mauvaises choses d'il y a deux années. ton père, tu le considères comme un vieux pain, qui avec le temps s'est endurci. il a maintenant les traits figés et faudrait peut-être que ses yeux se mouillent un peu, de temps en temps, pour qu'il se ramollisse, pour qu'il s'attendrisse. mais tu sais bien qui l'fera pas. papa il est tout comme toi, mais plus amer, oui. l'amertume vient du bitume d'un samedi soir. asphalte et trottoirs arrosés de pluie (eh oui encore), comme d'alcool le sont vos corps. t'es à l'arrière de la voiture, les écouteurs dans les oreilles. t'as pas bu autant que ton frère et ses copains, t'as que seize ans et t'aimes pas vomir. vous vous arrêtez d'ailleurs, y a stella qui doit régurgiter son quatre-heures. tu l'aimes bien, stella, elle est mignonne. vous reprenez la route, et le conducteur il est pas totalement sobre. il a eu ses quelques verres pour célébrer l'obtention de son diplôme. ton frère a le regard qui suit plus trop, il te fait parfois un peu peur quand il est comme ça. on aurait dit l'fantôme de votre grand-père, ce vieux con qui buvait comme une éponge. la voiture roule pas droit, comme un bateau en pleine tempête. qu'il pleuve n'arrange pas les choses, tu vois un éclair à la vitre collée contre ta tête. le bateau tangue toujours deux virages plus tard, puis d'un coup y a un appel de phare et t'entends le sémaphore des anges. le klaxon, c'est pas le chant des sirènes, mais l'appel des séraphins. c'est pas un truc doux à l'oreille, mais tu l'entends plus vraiment de toute façon. ton regard est figé sur stella qui a la nuque brisée. tous les papillons que t'avais pour elle se sont transformés en verre pilé. les étoiles ont éteint leur feux, le dimanche d'après, comme les voitures à l'enterrement. toi t'es resté à l'hôpital pendant un petit moment. tes paupières s'élèvent - tu t'es pas rendu compte que tu les avais fermées aussi longtemps. tes yeux reviennent sur ce nuage immobile - on dirait toi, finalement. il roule doucement sur l'air, sous l’œil morne d'un ciel de jeudi après-midi. t'écrases ta clope pas loin, enlèves tes freins et tu fais décoller ton siège de tes mains aux articulations rendues bleues par la bagarre. les rayons de tes roues brillent sous les rayons du soleil.
alex / la gravité allemande / 18 / jacob bixenman / merci les cartons pour les citations et l'inspiration
|
|
Gino SalvaticiQUARTIER : OUEST PRÉNOM : NEPTUNIUM 237 AVATAR : ELIAS CRÉDITS : SOHA Messages : 594
| Sujet: Re: de rouille et d'os Mar 3 Jan - 9:24 | |
| |
|
InvitéInvité
| |
InvitéInvité
| Sujet: Re: de rouille et d'os Mar 3 Jan - 12:39 | |
| |
|
InvitéInvité
| Sujet: Re: de rouille et d'os Mar 3 Jan - 15:47 | |
| |
|
Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: de rouille et d'os | |
| |
|