SC ○ BARBIE, CRASH, BOO, GINO

**Killorick** Admin Messages : 66

C'est un dimanche après-midi et les nuages sont gorgés d'eau, tout prêts à dégueuler leur pluie salée sur les passants. Il n'y a pas beaucoup de lumière, nous sommes plus proches du soir que du midi. La mer est agitée, propice pour aller surfer.
Des traces de gouttes marbrent le sable de la plage.
Il y a une barque échouée là, elle appartient à quelqu'un, c'est certain. Cependant, ce n'est absolument pas son propriétaire qui s'y trouve, mais Gino Salvatici dont l'ivresse a fait ouvrir sa chemise en grand, dévoilant à tous un torse pâle et gravé de quelques cicatrices. Deux bouteilles sont à ses pieds, une à moitié pleine, l'autre pas ouverte. Gino scande des histoires incompréhensibles à propos d'une tempête.
D'autres protagonistes débarquent à l'endroit du navire échoué et de son capitaine ridicule.
Boo Cook, sa planche de surf sous le bras.
Barbie Kubrick arborant des bottes en plastique et un filet de pêcheur avec des crabes accrochés dedans.
Crash Veems, les mains dans les poches, attiré par le bruit.

Invité Invité

en ce moment il fait froid,
et il fait moche.
les gens détestent ça,
les gens restent chez eux.
moi toi,
ce temps,
ça te fait sourire,
ça te rend heureuse.
c'est signe de vagues,
et c'est signe de mer déserte,
personne dans l'eau pour te déranger.

t'as enfilé ta combi en vitesse,
tu ne voudrais pas rater les derniers rayons de soleil.
tant qu'il ne fait pas nuit,
tu peux te mettre debout sur ta planche.

alors tu marches,
tu cours,
presque,
pour pouvoir gouter aux joies de l'océan.
et puis,
tu t'arrêtes,
net.
t'entends une sorte de voix louche.
tu te retournes,
tu regardes autour de toi.
et puis tu vois cette barque,
un peu plus loin.
des bouteilles l'entourent.
tu lèves les yeux au ciel.
encore quelqu'un bourré qui s'est retrouvé sur TA plage.
il est même pas l'heure en plus.
alors t'avances vers lui,
toujours ta planche sous le bras.
et il parle,
seul,
et tu comprends rien.
- qu'est-ce que tu racontes ???

Invité Invité

le vent qui souffle, trop fort.
trop fort pour que t'arrives
à retirer tes proies du filet.
mais juste assez fort pour couvrir
tes joues de quelques larmes
celle du travailleur acharné
ou bien
celle du gamin crevé.

et une silhouette familière au loin.
dans l'obscurité tu deviennes
boo.
boo et sa planche,
son tapis volant à elle.
t'aimerai qu'elle regarde vers toi,
qu'elle s'approche
et qu'elle te parle des vagues
comme de bonnes amies à elle.
qu'elle te dise de belles choses,
aussi belles que ses yeux.

mais ils n'en ont que pour la mer,
ses yeux.
la mer et la vieille barque abîmée.
inconsciemment tu t'approches,
assez pour voir les cadavres
assez pour voir quelle n'est pas seule.
t'hésites un instant et tu t'approches,
abandonnant le filet
un peu plus loin sur le sable.
t'essuies ton front ruisselant de la manche
et te fronce les sourcils.
qu'est-ce que tu fous ici ?
cette barque c'est la mienne.
mensonge partiel, celle de ton père.
tu jettes un coup d'oeil à boo
avant de reposer ton regard
sur le cadavre
parmi les cadavres.
tu devrais sortir de là,
rentrer boire et hurler
chez toi.

Il y a cette fille, là, sa planche de trois kilomètres sous le bras et ses yeux, deux grosses billes qui me fixent avec étonnement.
- Qu’est-ce que tu racontes ?
- Je dirige mes hommes, là, derrière.
Je réponds alors, en gloussant un peu. Fier de moi, sûrement. Ridicule aux yeux des autres, certainement. Arrive alors à petits pas, juste derrière, la silhouette d’un bonhomme. Le soleil est plongé dans ses cheveux.
- Qu’est-ce que tu fous ici ? Cette barque c’est la mienne.
Il me conseille alors de rentrer chez moi.
Je plisse les yeux un court instant, l’instant qu’il faut pour qu’un éclair de lucidité ne franchisse mes neurones. Aussitôt, j’attrape la bouteille et son océan tangible qui baigne dedans.
- C’est mon navire. Si tu veux le récupérer, il va falloir le mériter.
Je tends la bouteille vers lui comme je tendrais mon sabre de marin, bien décidé à en découdre avec cet importun.

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y a le soleil qui tarde pas à plonger dans la mer, y a l'horizon qui s'orange, mais il est pas trop tard encore. l'eau doit être tiède, t'aimes bien rouler jusqu'à là-bas, affronter les dunes de sable qui te ralentissent, tout ça pour même pas sentir les vagues qui caressent ta peau et le sel qui ronge tes rayons, tout ça juste pour la vue. tu te baisses, parfois, pour tremper les doigts dans l'eau, les passer ensuite sur ta nuque. tu sais, le vieux rituel des vacanciers qui vont se baigner ? t'as pas fait ça depuis longtemps : nager. t'aimerais bien reprendre un jour. après tout, les sirènes, elles ont pas de jambes elles non plus. d'ailleurs t'entends un chant, au loin, alors que tu t'ennuies en regardant l'après-midi devenir soir, alors que tu te fais chier à compter les minutes où le crépuscule s'élève. t'entends des éclats de rire, des éclats de voix, des éclats de vagues et d'on ne sait trop quoi. ça t'intrigue, alors t'avances, le sable est doux, tu glisses avec vitesse. tes roues ne se prennent aucun coquillage - pour une fois. tu vois les ombres qui dansent à côté d'une barque, le contre-jour les rend tous beaux. tu vois pas beaucoup de monde, par ici, d'habitude. c'est le coin magique qui échappe au reste du monde, c'est un bout de pays imaginaire que seuls les initiés connaissent. l'ésotérisme de la baie fait que t'aimes venir t'y caler pour fumer et rêver, bercé par le roulement de la houle. les chants sont discordants, le chœur se met à crier, un peu. alors t'essayes d'entendre ça de plus prêt. tu prends la pente de sable fin, tu réfléchis pas encore à comment tu vas remonter, tu suis juste le chemin de l'aventure qui te guide vers les étrangers qui font fuir les mouettes avec leurs voix éparses. il se passe quoi, ici? tu reconnais barbie et la fille à la planche, elle vient souvent.

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le mec,
il dit que des conneries.
tu l'as encore jamais vu ici.
il est chelou.
tu le regardes bizarre.
et puis,
y'a bk qui débarque.
bk,
c'est comme ça que tu l'appelles.
en vrai,
t'as jamais su son prénom.
en vrai,
tu ne le lui as jamais demandé.
c'est juste,
que sur ses barques,
y'a ses initiales de gravées.
et ça fait bk.
une fois,
tu t'es même dis que tu ferais la même chose,
sur ta planche,
que t'écrirais bc.
mais,
en fait,
non.
t'as pas envie qu'il voit que tu l'as recopié.
il faudrait pas que vois,
qu'il t'inspire.

puis y'en a un autre qui arrive,
lui,
tu le connais pas.
enfin,
tu l'as peut-être déjà vu,
mais t'en es plus très sûre.
il comprend pas ce qu'il se passe non plus.
et les propos du mec allongé te font rire.
même s'ils font pas rire bk,
pas du tout même.
- bon, tu veux qu'on vide ta bouteille c'est ça ??? et après tu redonneras la barque ???
toi,
ça te fait pas peur.
ça te fait juste chier,
car t'avais prévu de surfer.
et là,
ça va faire trop tard,
si t'attends trop.

Invité Invité

et l'homme ivre
qui continue à baragoiner.
il brandit une bouteille
comme un trophée dont on est fier.
et boo elle la prend,
t'as envie de lui dire que non,
t'as envie d'attraper ce reste d'homme.
de lui faire comprendre
que son poison et ses oracles,
t'en as pas envie, pas besoin.
mais au lieu de ça,
tu lui jettes un regard noir.
noir comme la nuit
qui continue de s'installer.
et crash qui arrive
sans prévenir.
tu sursautes,
et boo elle continue de rire.

t'as envie d'en finir,
de le virer à coup d'pieds
(si sobre il t'aurait fait peur
là, t'hésiterai pas)
mais y'a cette bouteille
dans les mains de boo
qui sonne à tes oreilles comme
un défi.
alors tu le prends, grimace
collé sur la face.
et tu bois une gorgée
plus grosses que t'aurais dû
tu tousses.

l'alcool t'aimes pas ça,
t'as vu ce qui fait à papa
plus d'une fois.
t'as vu les marques
sur la joue de maman.
t'as entendu la voix de papa
raisonner bien plus fort que d'habitude.
tu passes la bouteille à crash
à la nuit
et au départ iminant
de ce foutu pirate.

Spoiler:

La fille a la planche de surf rigole et c’est vrai que je ne comprends pas pourquoi elle rit parce que moi je suis très sérieux, c’est vraiment mon navire, j’ai décidé que c’était ma propriété et il faudrait bien plus que ces trois personnes armées pour m’en déloger. Car ils ne peuvent pas un grand-chose contre moi.
Il y a
La gamine frêle
Le roux avec pas de force dans la voix et encore moins dans les bras
Et le dernier en fauteuil qui ne pourrait être que spectateur
Je me tourne alors vers ce dernier, qui demande de quoi il en retourne.
- C’est juste que c’est mon navire et on prétend le contraire. Je sais encore ce qui m’appartient, je suis un homme lucide.
J’affirme alors.
La bouteille qui se trouvait dès lors dans ma main passa dans la main d’une autre puis d’un autre, bue goulument et toussée avant d’être tendue vers le dernier. Cette drôle de chaîne humaine m’étonna un peu et je commençais à rire un peu, à rire avec la fille à la planche et tout seul surtout.
- Il te faudra bien plus que ça pour me déloger.
Je clame alors, à l’intention du garçon aux cheveux de soleil.
- Je propose un combat équitable, avec nos poings. On a nos deux arbitres.
Je dis ça d’un ton vraiment sérieux. Très sérieux et le rire qui m'animait plus tôt a tout à ait disparu. Je suis prêt à en découdre, je sais y faire avec les poings, je me suis battu plus d’une fois. S’ils le veulent ils peuvent se mettre à trois contre moi, je n’ai pas peur. Peur de rien, Gino. De rien.
Encore moins quand il est rendu saoul comme un vieux marin.

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Y a un jeu qui s'installe entre vous quatre avant même que t'aies pu placer plus de mots, et tu ris parce que tu comprends un peu la situation, tu te la résumes dans ta tête : y a un gars, un peu bourré, qui veut pas bouger de là, y a Barbie qui veut qu'il s'en aille, tu crois et y a la fille, là, qui veut sans doute juste surfer. Et toi, dans tout ça ? Toi t'es juste trop curieux, toi t'aimes juste mettre ton nez là où il faut pas. Puis on te passe la bouteille après que Barb' ait pris une gorgée des vagues ambrées qui s'y balancent. Tu refuses rien au premier gars à qui t'aies parlé ici. T'es joueur, mais tu renifles quand même avant de porter la bouteille à ton bec. T'engloutis le breuvage comme ces monstres marins qui ouvrent grand leur gueule pour avaler les navires. T'es habitué à l'alcool, ça te fait plus grand chose avec le temps, t'as la gorge immunisée au feu de la boisson, t'as l’œsophage anesthésié. Il propose un combat et toi t'aimes la bagarre, t'aimes la tournure que prend les choses. Tu te dis, y a qu'à Killorick où des trucs comme ça arrivent, y a qu'à Killorick que tu croises des tarés de ce genre. Je peux me battre pour toi Barbie, s'tu veux ! Tu dis, en rigolant. T'as peur qu'il se casse au moindre coup, le gamin. Toi t'es déjà cassé, t'en as plus rien à foutre.

Invité Invité

bon,
bah là,
c'est mal parti pour le surf.
les vagues sont chouettes pourtant,
t'aurais bien kiffé......

tout le monde boit une gorgée,
et ça te fait sourire de plus belle.
t'as peut-être trouvé des nouveaux potes de soirée,
en fait.
on parle de se battre,
et quand tu regardes celui allongé dans la barque,
tu lèves les sourcils.
il croit être en état de se battre???

et puis,
l'autre,
il prononce le prénom barbie.
barbie.....
t'avais encore jamais pu mettre de prénom
sur les initiales.
t'aimais bien cette part de mystère,
te dire que dans ton coeur,
c'était bk.
et là,
c'est comme si tout s'écroulait.
t'es déçue,
très déçue.
et puis énervée,
c'est comme si le mec,
celui qui veut se battre,
il l'avait fait exprès !!!

et puis,
même t'es aussi énervée,
parce que quoi,
y'a que les mecs qui peuvent se battre ???
c'est comme évident,
que toi,
tu dois rester là,
à surveiller,
à arbitrer.
non mais oh.......
- euh, y'a moi aussi, moi aussi je peux me battre !!!

Invité Invité

et si l'air refroidit
ton sang bouillonne.
le marin d'un soir,
t'aurais envie de le jeter à l'eau.
de lui hurler qu'il suffit pas
de foutre les deux pieds
dans une barque et
de vider plus de bouteille
que la mer offre de poisson
pour devenir marin.
envie de lui apprendre la douleur
celle dans les bras lorsqu'on tire
les filets qui puent la mort hors de l'eau.
celle du sel sur les coupurew qu'on s'fait
au couteau rouillé lorsqu'il faut ouvrir
ces putains de poissons.
et celle du coeur lorsqu'on voit c'que
la mer fait aux hommes.

tu voudrais hurler mais barbie
t'y arrives pas.
y'a l'homme imbibé qui veut se battre.
puis crash.
et boo aussi.

tu peux pas t'empêcher de rire.
on dirait l'début d'une mauvaise blague.
tu lâches sans même l'vouloir.
sacrée bande de paumés..

parce que ouais,
vous êtes certainement aussi paumés
les uns que les autres.

ouais..mais trois contre un
c'est pas ce qu'on appelle de l'égalité.
tu donnes un coup dans l'épave.
alors cap'tain il va où ton vaisseau ce soir ?

tu sais pas vraiment pourquoi
ces mots sortent de ta bouche.
p'tetre la potion magique de sa bouteille.
p'tetre l'envie d'rester un peu plus longtemps près de boo.
p'tetre la lueur vivante que tu vois dans les yeux de crash.

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