Aquarium décapotable (barbie)

c’était un jour calme
un de ceux où le soleil ne fait que regarder par-dessus les épaules des nuages
l’air était salé et posait son gros sel dans mes poumons
c’était un beau terrain mer
avec les bateaux sur l’eau qui attendaient le grand jour
pour enfin pouvoir jouir de leur nature
moi, je regardais ce cirque marin
avec des gens qui s’affairent
à fuir la terre
je voulais la fuir aussi
mais je n’avais aucune relique pour m’envoler ou flotter
et dire que je ne savais pas nager,
et dire que l’homme ne pouvait pas voler…
et même avec ça, on aimait à croire en dieu
je voulais me faire déraciner par un raz-de-marée
même la mort semblait un meilleur rêve éveillé,
parfois,
souvent, j’avais ce mal indestructible
un mal qui me foutait au sol, un mal de terre
cette Gaïa qui regardait Ouranos avec violence,
elle nous retenait entre ses seins
le ciel pleurait parfois, il voulait noyer la terre, nous sauver, nous élever jusqu’à lui
mais la terre buvait jusqu’à la dernière goutte de pluie
et alors on restait là où on avait dû apprendre à vivre
des fois je levais la main au ciel qu’il vienne me chercher à coups de tempêtes
mais rien, à croire qu’il avait peur de sa mère, son adversaire
alors dorénavant, j’essayerais la mer.

et l'air marin qui a
comme un goût
d'apocalypse.

ciel tonnerre/père colère.
hier, on a pu entendre la foudre
raisonner dans tout le port
et elle c'est abattue sur ta joue
sa main.

en te levant ce matin,
tu pensais que c'était
juste un mauvais rêve.
que papa et le ciel
ils étaient doux.
mais enfaite non.

alors t'as prit tes bottes
plus tôt que d'habitude.
clope au bec, rouge aux joues.
deux trois filets jetés
dans la barque et tu étais
prêt à partir.
mais t'as vu une âme,
plus haut sur les rochers.
il avait l'air d'vous observer
vous, les marins.
tu sais pas trop pourquoi
mais tu t'es mit à gravir
les quelques rochers.

ce corps éclairé par
les quelques rayons timides
t'as intrigué.
t'as pensé à un ange, d'abord.
mais quand tu es arrivé :
juste un paumé.
maman elle dit que l'pas qui les séparent
les anges et les paumés
il est tout petit
alors, tu t'es quand même assis.
t'es pas d'ici toi.]

puis soudain la couleur vive d'une chevelure
chevelure couleur de braise comme celle qu'il consumait
et qui le consumerait, au bord des lèvre
du feu dans un fond de ciel et d'mer qui s'mêlaient
c'était beau
le garçon est là, sur les rocher
comme cet homme que t'avais vu au musé
ce voyageur contemplant les nuages de Friedrich
mais il a pas son allure
lui il est plutôt tanguant
il avait ce truc de coquille vide
une sorte de corps pas très lucide
comme un endormi sur les vagues
un amant du large
il me ressemblait un peu à moi
bouteille à la terre
pleine de mystères
il avait cet air un peu livide
et la joue sanguine
-t'es pas d'ici toi
d'ici où ?
de cette terre ?
oui malheureusement
de ce lieux ?
non malheureusement
-si, enfin non je viens souvent admirer vos bateaux
je prends une pierre sous mes pieds
la lançant en avant
un, deux, trois et plouf
-c'est aussi le seul endroit pour des ricochets intéressants
que je dis sourire aux lèvres
je voudrais lui demander de m'inviter à monter
découvrir son palais sur eau
bateau qui vogue
la coque dans une autre nature
compagnon d'aventures