SC ○ ELI, LUX, ECHO, LOVA

**Killorick** Admin Messages : 66

Vous vous êtes toutes les quatre retrouvées là, dans ce grand appartement à moitié vide du quartier Sud. Vous vous êtes faites inviter par une connaissance d’une connaissance d’une connaissance. La fête a duré longtemps, c'était bien, c'était chaud, c'était vivant.
Alors oui certaines d’entre vous sont bercées par l’alcool, d’autres sont un peu plus lucides. L’appartement est enfumé, presque tout le monde est parti. Du rap glisse dans l'air, fond sonore imperturbable.
L’hôte est parti avec ses copains, il a fermé derrière lui.
À clef.
Vous voilà donc toutes les quatre, Echo, Eli, Lux et Lova. Seules, enfermées dans cet appartement où des substances illicites traînent ça et là. Les tensions montent – il faut tout faire pour se barrer d’ici, d’autres calment le jeu – c’est pas grave, on peut quand même dormir ici. Qu’est-ce qui peut bien leur arriver, après tout ?

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tu veux la vérité ?
la vérité c'est que
j'sais même pas ce que je fous là.
j'ai suivi des ombres,
une silhouette a attrapé ma main,
elle a dit, viens on va s'amuser, tu vas voir,
elle a dit, suis-moi,
et je l'ai suivie.
j'ai trempé les lèvres dans un deux dix verres à l'alcool brûlant,
j'ai inspiré trop fort l'odeur de l'herbe, celle de la sueur, celle des autres.
et je me suis assise là,
seule,
sur un canapé défoncé,
au parfum de bière renversée et de cendres écrasées.
le regard au loin,
la gamine perdue.
(ça tourne dans mon crâne, ça tourne, ça tourne,
j'ai mal au cœur et je ne bouge pas.)
je ferme les yeux.
une seconde, le temps d'un soupir.
petit à petit, les bruits s'éloignent autour de moi.
quand je soulève les paupières à nouveau,
elles sont trois autour de moi,
elles sont trois et elles sont belles.
tu veux la vérité ?
la vérité c'est que
j'sais même plus c'que j'fous là.
et si je me lève, je suis même pas sûre de tenir debout putain, tant ça tourne, trop vite, trop vite, beaucoup trop vite.
"faut que j'm'en aille. faut que j'm'en aille. faut que j'm'en aille. (...)"
je répète les mots en boucle, de plus en plus fort.
putain, écoutez-moi,
s'il vous plaît,
regardez-moi,
- il faut que je m'en aille loin d'ici, loin de la fumée qui pique mes yeux, loin de mon estomac qui danse la valse, loin des trois beautés, j'ai besoin d'air, il faut que je m'en aille -

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y'a la musique qui fait vibrer son corps, vrombrir son coeur.
y'a de la fumée, grise, opaque qui fait écran devant ses prunelles chocolatées.
mais lova, elle est loin, trop loin. mais lova, elle a l'esprit brouillon, l'esprit enfumé, l'esprit-train qui s'en va à toute vitesse, fuit la réalité comme un pestiféré, cherche l'absolution.
elle a le corps lourd, le corps-éléphant qui fait boom quand elle essaie de se lever d'un lit débraillé.
elle a le corps lourd, picotements dans le bout de ses doigts endormis.
elle a le corps lourd, jambes-cotons qui menaçent de s'effondrer.
et surtout, lova, elle se souvient pas bien de ce qu'il s'est passé. elle a rien suivi, elle a juste bu jusqu'à finir endormie.
et y'a encore le sommeil qui tape à la porte de ses yeux, qui hurle des "laisse-moi t'emporter" que lova écouterait volontier.
mais y'a une jolie fille qui arrête pas de répéter des mots que lova ne comprend pas trop. et elle répète, plus fort. y'a presque de la panique dans sa voix ; elle sait pas bien, lova.
alors même si elle tangue un peu en s'approchant, elle va lui frôler le bras, comme pour lui murmurer des "calme-toi, je suis là". et puis elle se laisse tomber à côté, le corps d'une lourdeur démesurée.
"ça va aller", elle dit simplement. mais lova, elle n'est pas dans un meilleur état. lova, elle a les pupilles dilatées et le creux des reins irrité. lova, alors que le brouillard s'estompe (un peu, pas beaucoup), elle se demande si elle a pas fauté.
"tu pense que tu peux te lever ?" elle demande, sans trop se préoccuper des deux autres filles à côté. dans son palpitant tout lent, y'a l'inquiétude qui commence à germer... et puis lova, elle est un peu envie de gerber.

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y avait la musique, y avait la danse.
y avait des gens, y avait des copains.
elle s'est perdue sur la route, on l'a rattrapée, jetée dans un canapé. alors elle est resté. elle a rit, elle a bu, elle a fumé. pétards et clopes dans ses petits doigts encore trop enfantin. elle tient bien l'alcool, pourtant, mais elle comptait plus les reflets ambrés qui lui faisaient signe du verre à sa gorge.
puis plus rien, les gens envolés. tourbillon, son esprit qui émerge, bulle de vapeur qui s'envole sous le vent. soudain, elle cligne des yeux, le monde est différent.
y a plus personne. y a que quatre corps, emmêlés, perdus, qui occupent l'espace, qui occupe la pièce. elle se passe la main dans les cheveux, elle se redresse. elle regarde autour, elle voit les cadavres. mégots, bouteilles, objets inconnus, capotes. elle fronce le nez. comme tout le monde le fait, le lendemain, une heure après, la tête dans le cul, le cul dans le brouillard, comme chantait l'autre.
y a une fille qui parle, on dirait qu'elle crie. elle a la voix douce, pas violente, mais sa peur fragile empêche de penser, fait le vide autour. echo, elle pose les mains sur ses oreilles. y a son crâne qui veut s'échapper.
puis y a l'autre, qui parle, qui vrille. elles discutent, ça fait mal le crâne. un gémissement plus tard, echo se force à se lever. elle frissonne. elle a froid, très froid. embrassée par la glace, par quelqu'un d'autre dans la nuit. son t-shirt relevé, elle l'abaisse. putain. incapable de traîner avec un groupe sans chercher la chaleur d'un autre.
pathétique, echo.
elle cherche une fenêtre, sans penser aux autres. pas encore. d'abord, elle doit respirer. elle s'étale sur un rebord, tourne le verrou, elle est bloquée. elle s'ouvre à peine. un centimètre.
mais ça fait du bien, la brume qui s'éclaircit un peu. alors elle tourne le regard vers les filles.
elle les connait pas.
comment elle est arrivée là ?

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et ça tourne,
et quand elle effleure mon bras,
l'autre,
l'inconnue,
j'ai seulement envie de le retirer - mais la force est partie, je suis lasse, je suis vide, j'ai la nausée seulement et le cœur qui s'emballe, mon corps n'est plus mon corps, mon corps est une coquille trop pleine d'alcool.
elle parle l'inconnue,
je sais qu'elle parle parce que je vois ses lèvres qui s'agitent, c'est tout flou mais je le vois bien, ses lèvres qui s'ouvrent, se referment, mais aucun son, rien, putain, rien du tout, je comprends pas,
ça tourne
ça tourne
ça tourne.
je sens son haleine alcoolisée, et je suis sûre que j'ai la même.
y'a une autre fille qui s'approche de la fenêtre, qui l'ouvre un tout petit peu, qui respire à côté,
j'imagine l'air frais se déposer sur son épiderme,
je voudrais faire comme elle.
j'essaie de me relever,
c'est pitoyable,
une main sur le canapé, l'autre qui s'agite un peu dans les airs,
en presque lévitation à deux centimètre du truc, je m'étale à nouveau,
mon visage sur l'épaule de l'inconnue, merde.

tu sais pas ce que tu fous là. enfin si, tu sais, mais tu comprends pas.
quelle idée, eli.
assise à terre, le dos contre le canapé, tu regardes dans le vide. depuis combien t'es ici ? t'en sais rien.
y'a des gens autour de toi. tu tournes la tête ; lova. ah ouais, elle est là ? t'avais pas remarqué. est-ce qu'elle vient d'arriver, est-ce qu'elle est là depuis le début ? quand est-ce que t'es arrivée toi eli ?
tu sais plus.
t'as pas abusé de l'alcool mais ta gorge est en feu. t'as pas l'habitude de fumer autant. tu veux dormir, tu t'en fous d'où. le canapé. le canapé c'est bien, c'est mieux que par terre. t'as pas la force d'aller voir si y'a une chambre et un lit quelque part. le canapé, c'est bien.
assise sur le canapé maintenant, le corps lourd, tes jambes sur la table basse, tu regardes à côté de toi. une fille. tu la connais pas, enfin peut-être que si, tu sais plus.
il te semble l'avoir vu quelque part. un peu plus tôt dans la soirée certainement.
elle a pas l'air au top de sa forme, elle parle. t'essayes de te concentrer, de comprendre ce qu'elle veut. qu'est-ce que t'es censée faire eli ?
« eh lova, allonge là. je vais aller chercher de l'eau. »
tes jambes sont lourdes, tes pas lents mais t'arrives finalement à la cuisine, ou ce qu'il en reste. mégots, cadavres de bières et verres en tout genre sont étalés un peu partout. c'est sale, t'aimes pas le sale.
tu fouilles les placards, finis par trouver un verre propre et le remplis. en voyant un torchon à peu près en bon état, tu te dis que ça pourrait aider et tu le passes sous l'eau.
quand tu reviens dans la pièce, la fille a pas l'air mieux. bon.
tu passes le verre à lova, et mets le tissu humide sur le front de la fille. tu sais que toi ça t'aide généralement. tu fais ce que tu peux, t'es pas sa mère après tout.

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