la planète (eli)

Ce soir là y avait la Lune qui se reflétait dans la mer. C’était assez beau. Comme Paulo, sauf que lui son âme elle est noire. Et puis elle était douce, Eli, assise à côté de lui. Elle parlait pas, elle contemplait la mer. Ca fait du bien d’être avec des gens doux parfois, c’est calme, c’est simple, on est pas obligé d’avoir l’air fort ou de ressembler à un caïd. Eli, avec son beau sourire, elle le met à l’aise, elle le rend un peu plus calme ce soir. L’écume vient leur chatouiller les pieds et ça rend ce moment un peu trop beau pour quelqu’un comme Paulo. Il repense a cet instant, il y a environ deux heures, où il a enfoncé son poing dans la gueule d’un ivrogne au coin d’une rue. Il en a un peu marre d’être comme ça, d’avoir la haine contre tout, il en a marre d’être Paulo et de s’être fait voler son cœur. Il sait qu’Eli elle est toujours calme, qu’Eli elle le juge pas. Avec Eli il essaye d’être quelqu’un d’autre, quelqu’un de gentil, Paulo essaye de pas être lui. Et il veut pas la faire chier, elle a l’air d’être sur une autre planète, la planète Eli. Mais il lui demande quand même. « Comment tu fais, toi, Eli, pour être si calme ? On dirait que personne t’as jamais blessé. »

Paulo quand il discute avec sa bouche et pas avec ses poings, il pense à elle. Il se souvient du jour où elle est partie. Et puis il se rappelle qu’il arrive pas à la faire sortir de sa tête. Il regarde les étoiles et il pense encore à elle, peut-être qu’elle est dans les étoiles elle aussi, peut-être qu’elle est devenue remarquable ou alors qu’on la remarque de trop (encore). On accorde trop d’importance à ceux qui nous on fait du mal.
« Oui, t’as raison, mais c’est pas facile d’oublier les gens qui nous ont fait du mal, parce qu’au fond, si on a eu mal c’est qu’on tenait un peu à eux. » Paulo il est à peut près certains qu’Eli elle connaît pas ce qui lui est arrivé, pourtant Eli, elle dit pas à Paulo que c’est un vrai con, elle lui dit pas que c’est un idiot, qu’il était amoureux, qu’il aurait pas dû, qu’il devrait pas cogner tout ce qui bouge. Elle le pense certainement, mais elle lui dit pas, parce que c’est plus facile, où alors parce qu’elle pense que c’est pas vraiment de sa faute à lui, Paulo. Et puis il lui fait un petit sourire quand elle lui dit qu’il est quelqu’un de bien, parce qu’on lui dit jamais ça.
« Tu sais Eli, t’es gentille avec moi, c’est bien, t’es une des seuls qui discute pas pour avoir de la cam ou pour que je remplisse certains de tes orifices dans un coin. T’es cool » Paulo, il lui arrive de dire des mots gentils quand la lune dessine des formes étranges dans la mer.